LA FAUSSAIRE ET LE MÉCRÉANT : Evan Kincaid, fille unique d'un riche homme d'affaires. Mère inconnue, père manquant, elle a été élevée dans l'opulence et l'absence totale de valeurs. L'enfant a toujours eu ce qu'elle voulait, quand elle voulait, à l'endroit où elle voulait. Son père lui a appris que l'argent pouvait tout acheter ; depuis, c'est sa philosophie de vie. Des sacs, des chaussures, des penthouses, des amis et même des amants, Evan a de l'argent et ne s'est jamais sentie gênée d'en abuser. Sans s'en apercevoir, elle grandit dans une petite cage dorée, bien entretenue par un père opportuniste qui voit en elle une belle façon d'arranger quelques-unes de ses affaires. Elle danse, elle joue du piano, du violon, de la flûte traversière, elle peint, dessine, reproduit. Elle réussit à falsifier des papiers, des contrats, à imprimer des billets de banque plus vrais que nature. C'est facile, c'est drôle. "Fais ça pour ton papa chéri, ma biche", qu'il disait toujours. Elle avait soif de reconnaissance paternelle. Et dans ces moments là, elle se sentait aimée, utile. Alors elle l'a fait. Pour rire, pour s'occuper, pour passer du temps avec papa. Elle l'a fait dans l'innocence la plus totale, bien à l'abri des autorités, nichée dans les bras de son cher père... Mais un jour, il a décidé de passer à la vitesse supérieure.

LA FAUSSAIRE ET LE LEADER : Le voila, le premier homme qu'il a contacté pour mettre en place la fameuse équipe, celle qui pourrait l'aider à récupérer le brevet concurrent qu'il convoitait tant. Evan Kincaid devient simplement Evan. Elle lui est présentée comme l'une des meilleures. La fille du big boss n'est plus. Elle devient son espionne, sa taupe. Le leader ne l'aime pas, la trouve trop imprévisible. Il met en garde son employeur, mais papa n'est pas prêt à virer sa fille, sa très chère fille. Son double rôle est bien trop important pour la bonne marche des opérations. Toutes ces personnalités peuvent vite finir par exploser, se retourner contre lui, il a besoin d'une police d'assurance, de quelqu'un qui lui permettra de garder de l'avance. Evan. Evan qui se frotte au leader, Evan qui fait n'importe quoi, qui ne rentre pas dans les rangs comme un gentil soldat sous ses ordres. Elle l'agace, il l'amuse. Elle jette de l'huile sur le feu jusqu'à s'y brûler, et il rigole. Elle rigole. Et ils rigolent ensemble.

LA FAUSSAIRE ET LA PORTE-PAROLE : Les opérations sont en bonne marche. Et puis il y a cette femme, belle, intelligente, qui parle aussi bien qu'Evan ment. L'enfant se tient à distance, loin de cette aura charismatique et pesante. Elle sait que c'est la personne la plus susceptible de la mettre à nue, de déceler le mensonge parmi les mensonges. Elle s'inquiète. Les choses deviennent compliquées. Ce n'est plus drôle. La porte-parole commence à voir que quelque chose cloche, une fissure dans la cage dorée. Papa colmate, la prend dans ses bras protecteurs, la rassure. Evan veut tout arrêter, il dit non, la menace, finit par lui offrir une paire de baffes au fur et à mesure de ses pleurs. Quand elle cherche à s'enfuir loin, la porte-parole est là, au détour d'un couloir, entrain de guetter. Evan tente de cacher sa lèvre, ses poignets tuméfiés. Trop tard. On l'emmène et on panse ses blessures, comme une mère ferait avec son petit. Soit. Elle l'a peut-être mal jugée. Ou peut-être que c'est intéressé. Evan ne connait que ça, l'intérêt.

LA FAUSSAIRE ET LE COGNEUR : Elle l'aime bien, le cogneur. Il lui donne l'attention qu'elle n'a plus de son père. Il s'occupe de sa petite personne, la fait se sentir importante. Evan finit par s'attacher. Ils sortent, flirtent. Il la fait revivre après ce passage sombre et inavoué. C'est drôle et léger à nouveau. Mais elle finit par trop régresser, redevient cette enfant un peu trop gâtée qui ne sait pas quoi faire de sa vie. Il déteste ça, lui dit que c'est dangereux, qu'elle finira blessée. Ils se disputent, elle lui lance un vase à la figure avant de tourner les talons. Elle fait semblant de s'en fiche, s'exile dans une succession de soirées toutes plus arrosées les unes que les autres. Et soudainement, le réveil brutal, là, dans le lit d'un inconnu. Un certificat de mariage trône sur la table de chevet et une bague lui enserre l'annulaire. Evan panique, pleure silencieusement. La porte s'ouvre. Le cogneur. Il la prend par le bras et l'entraîne loin. Dans un moment de faiblesse, elle finit par lui avouer qu'elle est la fille de Kincaid et qu'il les roule tous dans la farine depuis le début. Son père est ruiné dans la semaine qui suit.

LA FAUSSAIRE ET LE HACKER : Malgré sa trahison, Evan est considérée comme une membre de l'équipe. Quand ils décident de continuer de rendre justice à la veuve et l'opprimé, elle les suit. Pour se racheter une conscience ou pour rester avec eux, elle-même ne saurait le dire. Mais elle n'a plus personne. Et ils sont plus une famille que son père ne l'a jamais été. Elle s'en rend compte aujourd'hui. Un loft est aménagé par le hacker, il regorge de jouets technologiques qui font pétiller ses yeux. Evan l'embête, lui fait installer des programmes complètement accessoires. Il s'amuse à les truquer. Elle s'en ramasse plein la gueule. Ça la fait rire. Ça le fait rire. Et d'un comment accord, ils décident de le refaire. Aux autres. Les deux grands gamins du gang. C'est puérile mais drôle. Tout ce qui caractérise Evan. Cette vie lui plaît. Ses compagnons lui plaisent. Et même si entre deux séances de shopping elle doit venir en aide aux petits chiens blessés par les grands méchants loups, ça continuera de lui plaire. Tant qu'ils sont là.

LA FAUSSAIRE ET LA VOLEUSE : Finalement, il y a la voleuse. La personne avec qui Evan passe le plus de temps. Elle peint pour la voleuse, elle danse pour la voleuse, elle joue du piano pour la voleuse. C'est une personne qui l'inspire, sa muse. Elle en un peu plus âgée, sans doute. Moins fantasque. Plus sage. Mais juste un peu. Pas trop. Assez pour qu'elles s'engueulent. Vite fait. En surface. Evan ne fait jamais la tête très longtemps. Plus le temps passe, et plus elle la regarde avec malice. Elle aimerait bien y toucher, à cette poupée de porcelaine. Mais elle a peur de la briser, elle a peur de tout briser. C'est ce qu'elle fait, c'est ce qu'elle a fait à son père. Non, définitivement, les belles choses, celles auxquelles on tient, sont mieux observées de loin. Quitte à devoir se satisfaire des simples poupées de chiffon, des corps inconnus qu'elle croise dans ses folles nuits d'excès. Mais s'il y a bien une personne qu'elle n'imaginait pas recroiser, c'est lui. Grand, fort, la prenant à nouveau dans ses bras protecteurs. Papa.